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Le premier village olympique de l’histoire conçu pour se transformer en éco-quartier

Créer un Village d’athlètes capable de se transformer en quartier durable de 6.000 habitants: voilà le défi que s’est donné Solidéo, la structure chargée de livrer les ouvrages des Jeux d’ici 2024. Coulisses.


Retour vers le futur. Nous sommes en 2025, un an après la fin des Jeux de Paris. A Saint-Denis et Saint-Ouen, le Village qui a hébergé les 15.600 athlètes et officiels dans 3.500 logements accueille ses nouveaux habitants. Ils seront bientôt 6.000 environ, à s’installer dans 150.000 m2 de logements disséminés dans 51 hectares de verdure en bord de Seine, avec 119.000 m2 de bureaux, de commerces et de services. Un vrai quartier de ville, mixte et durable, générateur d’emplois, qui n’aura mis que quelques années à émerger.

A la tête de ce méga-projet urbain, la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo), chargée de financer et superviser les ouvrages et aménagements des Jeux, et de tout livrer avant juillet 2024, dont ce fameux Village. Pour respecter l’ambitieux calendrier, la Solideo a dû s’y mettre dès 2017. Elle a lancé un appel d’offres auprès d’équipes associant investisseurs, opérateurs, architectes et bureaux d’études spécialisés en excellence environnementale… et en bâtiments réversibles. « Ce village va connaitre deux vies en une, confie à GRAND! Nicolas Ferrand, le directeur général exécutif de la Solidéo. C’est le principe de réversibilité : après les Jeux, il s’intègrera tout naturellement au territoire, devenant un nouveau quartier mixte à part entière. » (lire encadré). Laurent Russier, le maire de Saint-Denis confirme : « Avec 900 logements et un centre aquatique de dimension internationale en héritage des Jeux, qui s’ajoutent aux 5 lignes de métro et deux lignes de RER qui vont rejoindre la nouvelle gare Pleyel, les habitants, entreprises, salariés vont largement bénéficier au quotidien de ce cadre de vie amélioré. Saint-Denis poursuit sa mue et est en passe devenir le cœur battant de la Métropole du Grand Paris ».

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Cet impératif de réversibilité présente un triple avantage. Opérationnel et budgétaire d’abord : « cela va faciliter l’ordonnancement de l’exécution des travaux et le phasage des chantiers, tout en permettant de mieux maitriser les coûts et les délais », explique Nicolas Ferrand. Un avantage administratif et juridique, ensuite : les Jeux sont en effet l’occasion de mettre en place le permis « à double état » qui autorise en un seul et même permis (de construire ou d’aménager) deux états successifs d’un même ouvrage. Un avantage pour la ville enfin, avec la notion d’héritage, « un principe fondamental » pour l’organisation d’un événement sportif d’une telle ampleur. La charte olympique du contrat de ville-hôte y veille spécifiquement, désormais, ce qui n’a pas vraiment été le cas pour les précédents Jeux : citons la multitude de sites abandonnés à Athènes (2004) et le village olympique fantôme de Sotchi (2014), ou encore l’avancée construite sur la mer pour accueillir le village olympique de Tokyo en 2020.

Excellence environnementale

Paris 2024 entend surtout être LA référence en matière environnementale, dans le prolongement de l’Accord de Paris sur le climat conclut dans le cadre de la COP21.

Un critère environnemental « fondamental » pour la Solidéo qui se décline en trois grands axes. « Le premier consiste à renouer le territoire avec son fleuve, la Seine, par la valorisation de la trame écologique et un traitement architectural soigné, argumente Nicolas Ferrand. Le deuxième ambitionne la construction d’un quartier qui visera une neutralité carbone, en misant notamment sur la construction bois. » Objectif : 55% d’empreinte carbone en moins par rapport aux deux dernières éditions des Jeux d’été de Londres et de Rio, avec un label BBCA exigé pour tous les ouvrages construits jusqu’à huit étages. Et une partie du quartier, sur l’Île Saint-Denis, labellisée éco-quartier. Le troisième axe ? « Le Village remettra les enjeux bioclimatiques au cœur de la ville. »  La Solideo s’est dotée d’un fil d’Ariane qu’elle appliquera à tous les ouvrages olympiques, sans exception : sobriété énergétique, respect des milieux naturels (plus de 26 ha de biodiversité seront ainsi créés grâce aux Jeux), adaptation au changement climatique, réduction des nuisances sonores et lumineuses… « Nous souhaitons que ce village devienne un démonstrateur de la ville de demain, laissant également un héritage méthodologique, en matière environnementale, pour le monde de l’aménagement », parachève Nicolas Ferrand. Réconcilier la ville et la nature, « Citius, Altius, Fortius », plus vite, plus haut, plus fort.

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