|

Ryder Cup 2018: “On m’a pris pour un fou”, se souvient Pascal Grizot

Quand Pascal Grizot se remémore la genèse de ce projet né il y a plus de 10 ans, le Président du comité directeur de l’organisation de la Ryder Cup 2018 mesure le chemin parcouru.


Quand Pascal Grizot se remémore la genèse de ce projet né il y a plus de 10 ans, le Président du comité directeur de l’organisation de la Ryder Cup 2018 mesure le chemin parcouru. Cet entrepreneur venu du monde de la distribution (supermarchés Champion) et de la sécurité (CPS, 1400 salariés), qui fut un temps l’un des meilleurs golfeurs de sa génération, y a toujours cru. Pari gagné : fin septembre 2018, les 12 meilleurs joueurs américains affrontaient les 12 meilleurs joueurs européens, pour la deuxième fois seulement en Europe continentale en 42 éditions depuis 1927. Pendant trois jours, l’Albatros, le parcours mythique du Golf National de Guyancourt, était le théâtre de la plus prestigieuse compétition de golf au monde.

« Au début du XXème siècle la France était l’une des premières destinations golfiques au monde. Concurrencée en Europe, elle a perdu ce rang, alors qu’elle est la première destination touristique mondiale. C’est une anomalie », expliquait Pascal Grizot quelques jours avant la compétition. Quelques 6 mois après le dernier putt, les chiffres le montrent : dans l’histoire du golf français, il y aura un avant et un après Ryder Cup 2018.

L’image du golf, vu comme un sport élitiste, a considérablement changé grâce à la forte médiatisation de l’événement. Plus de 50% de la population française a entendu parler de la Ryder Cup au cours des trois jours de compétition. « Pour obtenir des retombées médias similaires, il aurait fallu dépenser plus de 300 millions d’euros, explique Pascal Grizot. Une somme que la fédération française de golf n’aurait jamais pu débourser ». C’est dire si la médiatisation de l’événement a été considérable. Cerise sur le gâteau, un budget respecté, fierté de l’organisateur : « c’est rare dans l’histoire du sport français. On avait prévu un budget d’organisation équilibré, finalement, il a été bénéficiaire ! »

Premier sport individuel au monde, avec 900 millions de pratiquants, il n’est que 4e en France, avec 400.000 licenciés. Mais alors que les autres pays européens perdent des adhérents (-25% ces dernières années en Espagne par exemple), le nombre de licences est à la hausse dans l’Hexagone : déjà +6% depuis le début de l’année par rapport à la même période il y a un an.

Il faut dire que du haut de la plus grande tribune jamais construite pour une compétition de golf (6600 places), le spectacle avait de l’allure. « Tous les billets ont été achetés extrêmement rapidement, et des billets supplémentaires avaient même été mis en vente, se rappelle Pascal Grizot. Et dire que certaines personnes imaginaient qu’une compétition de golf en France ça ne pouvait pas intéresser grand monde ! » Résultat des courses : 55.000 spectateurs en trois jours de compétition, 2,2 millions de téléspectateurs en France (retransmission en continu, dont 2 heures par jour en clair sur Canal+) pour 150 millions d’euros de retombées économiques directes et 226 millions de retombées indirectes, selon les calculs du ministère des Sports. Un coup de maître.

Au total, un milliard de téléspectateurs ont pu admirer les swings de Thomas Bjørn, le capitaine de l’équipe européenne, et de ses coéquipiers. La ferveur qu’il y a eu autour de l’événement n’a pas manqué de frapper les journalistes qui n’avaient pas l’habitude d’assister à une compétition de golf comme la Ryder Cup.

Et de combler les sponsors. Pour boucler son budget de 41,7 millions d’euros (financé en partie par l’État, les collectivités, et les licenciés français qui ont payé leur licence 3€ de plus pendant 10 ans), le comité d’organisation a créé un “Club des partenaires” : 16 entreprises qui ont versé au total 11 millions d’euros pour s’afficher sur l’événement. “Ils ont tous été très satisfaits”, glisse laconiquement Pascal Grizot. Des partenaires impliqués au-delà de la simple contribution financière : GL Events a monté les tribunes, le traiteur Lenôtre a assuré le catering, LVMH a habillé les joueurs, Air France a transporté l’équipe américaine, tandis que Lacoste a habillé les volontaires. « Ce qui était très encourageant c’est que certains étaient déjà là lorsque l’on n’en était qu’à la phase de candidature en 2010 », se félicite le président.

L’effet de rareté – un événement qui n’est pas près de revenir bientôt sur nos greens – a donc joué à plein. Mais d’autres événements s’annoncent déjà dans le monde du golf. En 2022, la France accueille les championnats du monde amateur, répétition générale de l’épreuve de golf des jeux olympiques de Paris 2024. « Quand vous avez organisé la Ryder Cup, c’est beaucoup plus simple d’organiser les Jeux », s’exclame Pascal Grizot.

SUR LE MÊME SUJET