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Roland-Garros fait peau neuve : un défi technologique


Rendez-vous incontournable du tennis mondial, Roland-Garros constitue une vitrine de l’excellence tricolore en matière d’organisation de grands tournois. L’édition 2018 a encore confirmé son attractivité avec une fréquentation en hausse de 1,8%, dépassant les 480.000 spectateurs pour la première fois de son histoire. Un chantier titanesque est en train de transformer ce lieu mythique pour encore mieux accueillir le public. 
Quatre-vingt-dix ans après le lancement du tournoi en 1928, Roland-Garros fait peau neuve. L’édition qui vient de s’achever a été marquée par plusieurs inaugurations, à commencer par le nouveau Village dédié aux partenaires. 11.000 personnes ont été invitées dans cette partie privative qui se veut plus « premium » et « glamour » que jamais. En entrant dans le bâtiment composé d’aluminium et de verre, les visiteurs ont traversé l’élégant hall d’entrée avec ses luminaires suspendus pour se rendre sur la grande terrasse plantée de trois pins, d’où ils ont pu suivre les matchs des nouveaux courts 7 et 9. « C’est un magnifique édifice ouvert sur le jeu qui remplace le petit village gaulois qu’on avait connu jusque-là » se félicite Gilles Jourdain, directeur du projet de modernisation de Roland-Garros.

« un magnifique édifice ouvert sur le jeu remplace le petit village gaulois »

Gilles Jourdain, directeur du projet de modernisation de Roland-Garros

Les amateurs de tennis se sont rendus en masse au nouveau court 18, situé au-delà du Suzanne-Lenglen, qui a fait l’unanimité chez les joueurs et les spectateurs. Cette arène semi-enterrée de 2.200 places offre une vue plongeante sur le terrain et un sentiment de grande proximité avec les compétiteurs. Le public y a suivi, ravi, le terrible affrontement entre le Français Grégoire Barrière et le Moldave Radu Albot au cours d’un match acharné en cinq sets.
A l’issue des travaux en 2020, Roland-Garros aura vu sa superficie augmenter de moitié, passant de 8,5 à 12,5 hectares. Le tournoi va s’étendre dès l’an prochain sur les serres d’Auteuil où un nouveau court semi-enterré de 5.000 places est en cours de finalisation. Quatre serres en verre exhiberont des plantes luxuriantes. « Nous renouons avec les origines de Roland-Garros qui était un grand jardin avec des arbres et de la nature. Le jardin botanique recrée cette histoire » souligne Gilles Jourdain. 

« Nous renouons avec les origines : un grand jardin avec des arbres et de la nature »

Gilles Jourdain, directeur du projet de modernisation de Roland-Garros

Mais le clou du spectacle sera bien sûr la rénovation du « Central ». « C’est une véritable gestation qui commence pour le court Philippe Chartrier. Les fondations ont été réalisées ces deux dernières années et les équipes auront accouché du nouveau Central d’ici mai prochain » s’enthousiasme Bernard Giudicelli, le président de la Fédération française de tennis. Le prestigieux stade va être démoli à 80% au second semestre puis les tribunes seront reconstruites. Une phase hautement périlleuse qui devra être achevée avant le prochain tournoi… 
Viendra ensuite en 2020 la cerise sur le gâteau : la pose du toit rétractable, actuellement en cours de construction de l’autre côté des Alpes. Onze « ailes d’avion » de 300 tonnes chacune composées de poutres d’acier arriveront à Paris en pièces détachées et seront ressoudées au sol avant de coiffer le stade. « Grâce à de puissants moteurs électriques, elles se déploieront en 12 minutes sur une surface d’un hectare » précise Gilles Jourdain. « Paris est une ville qui vit le soir – les sessions en soirée promettent d’être formidables ! » ajoute le maître d’ouvrage. L’extension de la plage horaire permettra aux organisateurs d’accueillir plus de visiteurs, et notamment les actifs qui travaillent en journée. Sans oublier que les matchs du Central ne pourront plus être interrompus par les caprices de la météo… « A la fin des travaux on aura l’un des plus beaux stades au monde » s’est enflammé l’ancien champion Guy Forget, directeur de Roland-Garros, au micro d’Europe 1.

« on aura l’un des plus beaux stades au monde »

Guy Forget, directeur de Roland-Garros

Le chantier coûtera 358 millions d’euros au total. Il sollicite les compétences techniques de Vinci Construction, le leader du BTP en France, mais aussi de PME innovantes comme Delagrave. Cette société basée près de Vesoul fabrique les nouveaux sièges en bois de châtaigner des Vosges qu’on a pu tester cette année sur le court Suzanne-Lenglen. Il a fallu neuf mois de recherche et douze semaines de test pour concevoir ces sièges en matériau naturel capables de résister aux intempéries. « Nous avons acheté des arbres sur pied qui ont été écorcés et transformés en lamelles de 2 à 3 millimètres, agglomérées ensuite en plusieurs fines couches » raconte Gilles Jourdain.
Stade Roland Garros - Paris (FRA) - Gilles Jourdan (FFT) - Photo : Christophe Guibbaud / FFT
Stade Roland Garros – Paris (FRA) – Gilles Jourdan, directeur du projet de modernisation (FFT) – Photo : Christophe Guibbaud / FFT
Encore un peu de patience, les travaux se termineront en 2020. « Nous sommes au troisième set mais il y en a encore deux derrière, alors nous restons concentrés ! » sourit Bernard Giudicelli. Les sponsors et collectivités locales soutiennent le projet qui génère des retombées économiques d’environ 300 millions d’euros par an sur Paris et sa région. Lors des Jeux Olympiques de 2024, Roland-Garros accueillera les épreuves de tennis… et de boxe. Une fois de plus, ce lieu mythique sera exposé aux yeux du monde entier. Sous ses nouveaux atours, plus désirable que jamais.

THOMAS LESTAVEL

©Photos : FFT MEDIA

Chiffres-clés :

  • 15 courts
  • 1 500 journalistes
  • 37 000 places assises
  • 130 000 sandwichs et 215 000 boissons fraîches vendus pendant le tournoi
  • 480 000 spectateurs
Prochaines échéances :

  • 2019 : ouverture du court Simone-Mathieu dans le jardin botanique. Rénovation du Central.
  • 2020 : pose du toit sur le Central.
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