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Comment les territoires profitent de la technologie du Tour de France ?

Lifi, Fibre, débit, 5G : comment le Tour de France défie et améliore les télécom


La couverture des télécommunications du Tour de France nécessite des moyens mobiles et des installations durables considérables. Elle contribue à l’amélioration du service et booste l’innovation.
Cette année encore, Orange sera à chaque instant sur le parcours du Tour de France, transportant plus de 80% des images télévisées du Tour, offrant des solutions de communication aux journalistes, aux organisateurs, à la sécurité… et aux millions de spectateurs qui voudront envoyer un selfie le long du parcours ! Pour cela, il faut tirer la fibre optique, installer des antennes 4G temporaires, câbler chaque matin le Village du Tour… Et certaines communes profitent ensuite de ces installations de manière pérenne.

Pour les 2 milliards d’auditeurs et téléspectateurs qui, dans 190 pays, suivent le Tour de France, la plus grande course cycliste du monde est une succession d’exploits. Au fil de plus de 3 000 km, les coureurs avalent les kilomètres, franchissent des cols, affrontent le chronomètre…
Mais pendant les 3 semaines d’épreuve, en coulisse, une autre équipe enchaine les prouesses : celle d’Orange.

Câbler un village de 500 foyers chaque matin

« Depuis 21 ans, nous accompagnons le Tour de France, fournissant tous les outils de communication nécessaires aux organisateurs, à la sécurité, aux équipes, aux médias, aux annonceurs… Ces outils sont partout. Dans la salle de presse qui accueille 450 journalistes de la presse écrite, dans la zone média pour les retransmissions vidéo, utilisés par les membres de l’équipe d’organisation… Nous sommes aussi derrière les lignes informatiques de la course, les chronos des points intermédiaires, les images des sprints et de la ligne d’arrivée. Nos équipes sont invisibles, mais omniprésentes » résume Henri Terreaux, Directeur Technique des Grands projets. 

Un véritable challenge puisque le Tour présente une difficulté particulière : chaque jour, c’est une nouvelle étape – donc un nouveau lieu – qu’il faut connecter. Pour relever ce défi, deux équipes techniques se relaient, prenant en charge alternativement l’étape du jour. Chacune compte 20 techniciens, mobilisés jour et nuit pour assurer le transport, le montage, la mise en route et la maintenance des infrastructures nécessaires au déroulement de la compétition. 

Dès la veille de l’étape, elles peuvent assurer la mise en service de la salle de presse, avec ses lignes téléphoniques, ses connexions réseau, le WiFil.… Et le jour même, c’est à 5 heures du matin que les techniciens commencent leur travail. A 11 heures démarrent les premiers directs télévisés, puis les retransmissions s’étalent jusqu’à 22h. A 23h la salle de presse ferme et peut être démontée…  « Le Tour, ce sont aussi plus de 150 camions de la caravane publicitaire qu’il faut connecter. Ils arrivent en ordre dispersé et n’ont pas de place définie. Si bien que chaque jour, nous devons installer 500 lignes téléphoniques temporaires, mais en retrouvant où sont nos différents « utilisateurs ». C’est comme si chaque jour, en 2 heures, nous devions câbler un village de 500 foyers ou bâtiments, sans savoir à l’avance où se trouvera telle ou telle personne…. » s’amuse Henri Terreaux.

De véritables centraux téléphoniques mobiles, déplacés d’étape en étape

Cette prouesse doit être réalisée à chaque étape, dans une grande ville ou dans un petit village de montagne. « C’est la magie du Tour : le même dispositif est déployé à Espelette, dans le Pays Basque, ou sur les Champs-Elysées. Nous amenons le 3ème évènement sportif le plus suivi dans le monde (derrière les J.O. et la Coupe du Monde de football, ndlr), même sur une petite place de village ou dans un col de montagne » explique Henri Terreaux. 

Alors bien sûr, aux côtés des 40 techniciens mobilisés jour et nuit au contact de la course, d’autres ressources sont requises. Côté équipes, 30 techniciens régionaux et 20 superviseurs complètent les techniciens de terrain, et surveillent jour et nuit les différents réseaux (mobiles, fibres, acheminement du trafic international…). Côté matériel, 3 semi-remorques transportent les 12 tonnes de matériel et les 25 kilomètres de câbles nécessaires à la mise en place des solutions de communication. Deux de ces camions alternent d’une étape à l’autre, le 3ème est utilisé par les agences photos pour transmettre les clichés du Tour. Et surtout peut à tout moment remplacer l’un des deux autres en cas de panne. 

 

Chacun de ces semi-remorques embarque deux PABX – autrement dit, il s’agit de véritables centraux téléphoniques sur roues – et les infrastructures nécessaires à l’installation des connexions réseaux destinées aux 100 terminaux fixes de la salle de presse, des réseaux WiFi, d’un dispositif de visioconférence HD… A chaque étape, deux fibres optiques de 1 Go sont donc tirées : l’une pour la salle de presse et l’autre pour la ligne d’arrivée.

“ En 2 heures, câbler un village de 500 foyers sans savoir où ils se trouvent … ”

Henri Terreaux, Directeur Technique des Grands projets

La caravane passe… la Fibre reste !

« Il y a 20 ans, une connexion de 2 Mo suffisait pour acheminer toutes les communications du Tour » se souvient Henri Terreaux. Mais depuis, les besoins ont évolué. Les journalistes ne demandent plus à pouvoir envoyer un article de quelques lignes par fax : ils veulent transmettre un sujet vidéo et des dizaines de photos en quelques secondes. De plus les chaines télévisées et Internet se sont multipliées, ce qui, conjugué à l’arrivée de la vidéo HD, fait encore enfler les volumes transmis.

Aux besoins du Tour, des organisateurs et de la caravane, s’ajoutent ceux des spectateurs. Environ 11 millions de spectateurs se pressent sur le parcours. Ils veulent faire des selfies et les envoyer sur leur compte Instagram, faire une vidéo et la partager immédiatement avec leurs amis Facebook…  Bref, il leur faut la 4G.

Alors pour faire face à ces nouveaux usages, le réseau doit évoluer. Ainsi cette année, pour offrir la 4G sur la route du Tour, 24 relais mobiles temporaires sont installés – ils rejoindront les stations balnéaires sitôt la dernière étape achevée. Mais certaines infrastructures sont aussi installées durablement, et bénéficient aux territoires traversés de façon pérenne : la fibre arrive dans de nouvelles communes, le réseau 4G est étendu… 

Ainsi, entre l’annonce officielle du tracé du Tour de France 2018 et le départ de la 1ère étape, ce sont 22 nouveaux sites 4G qui ont été déployés de façon pérenne. Quant à la Fibre, indispensable à chaque étape, elle sera conservée dans 11 communes, bénéficiant à la population locale. 

Les techniciens ? Des couteaux suisses !

Si chaque étape du Tour de France est déjà un véritable défi, la situation devient encore plus complexe lorsque l’imprévu s’en mêle. Il y a deux ans, une étape qui devait arriver au Mont Ventoux est modifiée au dernier moment : le vent est trop fort, impossible de faire grimper les coureurs jusqu’à l’arrivée prévue au sommet. En une nuit il faut « redescendre » la fibre de 10 km, prévoir un autre point d’arrivée pour les camions de la caravane. Parfois aussi, le parcours se fait complexe. Pour la 100ème édition de l’épreuve, en 2013, l’organisateur -A.S.O.- choisit de faire passer la Grande Boucle par la Corse. Pour cette première historique l’Ile de Beauté accueille les 3ères étapes, afin de mieux résoudre les nombreux défis logistiques. Ainsi c’est un … bateau qui est utilisé comme salle de presse : Orange le câble et à chaque étape il est raccordé en quelques instants à la Fibre, offrant le haut débit instantanément à 450 journalistes. Sur une autre édition du Tour, il faut louer un hélicoptère pour tirer la Fibre sur une quinzaine de kilomètres, dans un secteur accidenté. Pour que ce câble ne soit pas endommagé sur les rochers, une fibre gainée de Kevlar est utilisée : une solution inédite. Mais si pour faire rêver les spectateurs, rien n’est impossible, Henri Terreaux compte surtout sur la qualité des équipes.

Pour constituer les équipes de terrain du Tour de France, Henri Terreaux va chercher des techniciens partout en France dans les équipes régionales d’Orange. « Toute l’année, ces techniciens répondent aux besoins des particuliers ou des entreprises. Sur le Tour, ils doivent s’adapter à toutes les situations. Filmer une vidéoconférence, installer une table de mixage, dépanner un journaliste qui n’arrive pas à configurer le CODEC nécessaire à l’enregistrement et l’envoi de ses flux audio et vidéo : le travail n’est pas fini lorsque l’étape est connectée. Alors nous choisissons les meilleurs experts, motivés et surtout polyvalents : ils vont devoir se transformer en couteaux suisses ! » explique Henri Terreaux.

« le Tour fait évoluer les technologies qui seront demain au service de tous »

Henri Terreaux, Directeur Technique des Grands projets

Le Tour, un laboratoire de nouvelles technologies

Enfin le Tour de France est aussi l’occasion pour l’opérateur historique de tester des nouvelles technologies sur le terrain. Au programme cette année : le LiFi, qui sera installé en complément du WiFi en zone technique sur toutes les arrivées. Cette technologie de réseau sans fil, utilisant la lumière de LED pour transmettre des données, offre un débit 10 fois supérieur à celui du WiFi, sans générer d’interférences, et avec un risque de piratage réduit. 

« Le LiFi est une technologie prometteuse, qui devrait être déployée dans les prochaines années dans le métro, les hôpitaux… et à terme dans les foyers. Mais dès cette année nous allons pouvoir le tester en conditions réelles, et parfois difficiles, sur le Tour.  Pour nous, le Tour est aux communications ce que les courses de Formule 1 sont à l’automobile : une occasion de faire évoluer les technologies, qui seront demain au service de tous » analyse Henri Terreaux.

Le Tour est aussi un « booster » d’innovation. Par exemple ? Lorsqu’il est impossible de déployer la Fibre, par exemple en montagne, il faut utiliser une parabole qui transmet les données via un faisceau hertzien. Il y a encore quelques années, une telle parabole pouvait supporter un débit maximal de 300 Mo/s. Il fallait donc en associer 3 pour atteindre le Go nécessaire. Orange a poussé ses fournisseurs à se dépasser. Et ceux-ci proposent aujourd’hui des paraboles offrant un débit de 1 Go. Un débit qui très vite devra encore évoluer, l’opérateur envisageant déjà le passage à 10 Go, avec l’arrivée de la 5G et de ses débits accrus.

Laurence Théry

Entre marathon et contre-la-montre : le Tour côté technique en quelques chiffres

  • 40 techniciens permanents mobilisés nuit et jour au contact de la course
  • 12 tonnes de matériel
  • 25 km de câbles déployés sur la ligne d’arrivée pendant l’épreuve
  • 500 lignes téléphoniques temporaires
  • 6 PABX, 3 ISAM et 8 réseaux Wi-Fi sur la zone d’arrivée
  • 22 relais mobiles temporaires pour renforcer la couverture réseau mobile
  • 1,4 million de minutes de connexion internet depuis la course
  • 450 techniciens et superviseurs en back-office
  • 220 km de Fibre optique
  • 3,3 Gbit/s de débit en pic sur les départs-arrivés
  • 18 km de Fibre optique pour alimenter le Col de Portet
  • 7 caméras HD infrarouge et 1 centre de supervision PC de sécurité
Les réseaux qui avancent grâce au Tour de France

Après le passage du Tour 2018, 22 communes conserveront leur tout nouveau relai mobile 4G, et 11 sites garderont leur connexion Haut Débit grâce à la Fibre installée de manière pérenne.

  • Il s’agit, pour la 4G, de (dans l’ordre où les sites sont traversés par le Tour) :
    Saint-Michel-en-l’Herm, Champagné-les-Marais, Saint-Pierre-le-Vieux, Mouilleron Saint-Germain, Cheffois, Sèvremont, Boufferé, Saint-Etienne-du-Bois, Les Lucs-sur-Boulogne, Sainte-Reine-de-Bretagne, Sarzeau, Marcillé-la-Ville, Saint-Léonard-des-Bois, Neufchâtel-en-Saosnois, Serigny, Mende (aérodrome), Trie-sur-Baïse, Laruns, Espelette, Souraïde, Cambo-les-Bains et le Col de Pinodieta.
  • Pour la Fibre, les sites sont souvent des salles de sport, des collèges ou des parcs d’exposition, où la Salle de presse du Tour a été installée. Dans le détail, il s’agit de :
    L’espace René Cassin à Fontenay-le-Comte, la commune de Mouilleron Saint-Germain, le parc aquatique et la patinoire de Cholet, la mairie et les collèges de Sarzeau, le parc des Expositions de Quimper, le parc des expositions d’Annecy-le-Vieux, la station de La Rosière, le col du Portet et Espiaube à Saint-Lary-Soulan, le centre sportif de Laruns, la commune d’Espelette et le complexe sportif Michel Labéguérie de Cambo-les-Bains.
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